Qu’est-ce qu’ils en savent, les richards,
Prétentieux et coquets ?
Qu’est-ce qu’ils en savent, de ce qu’est le tango ?
Et qu’est-ce qu’ils en savent, du rythme !
Voilà ce que c’est que l’élégance.
Quelle tête ! Quelle silhouette !
Quel port ! Quelle arrogance !
Quelle classe pour la danse !
C’est comme ça que l’on effleure le sol en dessinant des ochos,
Et pour exécuter ces fines prouesses moi, je suis comme un peintre.
Maintenant, une corrida,
une vuelta, une sentada...
Le tango se danse comme ça,
Le tango de ma jeunesse !
Le tango se danse comme ça :
en sentant sur son visage
le sang qui monte
avec le rythme,
tandis qu’on a le bras qui,
tel un serpent,
s’enroule autour de la taille
qui est sur le point de plier.
Le tango se danse comme ça :
en mêlant son souffle à celui de l’autre,
en fermant les yeux
pour mieux entendre
comment les violons
racontent au bandonéon
pourquoi, depuis cette nuit,
Malena n’a plus chanté.
Sera-t-elle femme ou roseau,
Au moment de faire la « quebrada » ?
Aura-t-elle des ressorts ou des cordes pour bouger les pieds ?
Ce qui est sûr, c’est que ma compagne,
Quand elle danse, devient une bête féroce qui me rend fou...
Parfois je me demande si c’est mon ombre
Qui me poursuit sans cesse
Ou un être sans volonté.
Mais c’est qu’elle est née comme ça, pour la milonga,
Et que, comme moi, elle se meurt, elle se meurt de danser !